Robin des bois - Spectralex

De l’ombre des sous-bois, l’on flaire une clameur. De la
désolation du soir, où le jour se meure en hurlant son cri
rougeâtre, et que le givre gagne les hautes plaines, on
entend vaguement quelque chose. C’est une trace de joie
griffant l’inquiétude, comme le fumet onctueux d’un rôti
délie les rides de pierre, s’accrochant aux visages les plus
sévères. Et dans le froid humide fendillant nos os, on
entend des voix chaudes. Comme quand, enfant, l’on nous
couchait, et que les sons des festivités, que nous avions
quitté déçu, se mélangeaient à nos rêves. Les voici plus
distincts, ce sont des chants mêlés à des rires. Ce sont des
chants d’autres temps, de nos pères, devrais-je dire, de nos
mères, perdues là bas au loin. Au loin dans l’histoire. Ont-
ils réellement existé ? Pourquoi sont-ils si gais ? Une
hilarité soudaine, nous saisit. Vivants. Nous sommes vivants et libres. Nous poumons soudain s’emplissent. Les jeux ne sont pas faits. Il subsiste un espoir.